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Impertinence

Détroit : du vert dans les ruines de l’industrie automobile

11 Février 2017 , Rédigé par Administrateur Publié dans #Economie

Source : http://www.bastamag.net

Source : http://www.bastamag.net

Détroit a connu tous les fléaux. Après avoir touché le fond suite à une crise mémorable de l’industrie automobile dont elle était devenue le symbole national, la ville américaine a dû déclarer faillite en 2013, plombée par une dette de 18,5 milliards de dollars (14 milliards d’euros). Aujourd’hui, elle se renouvelle, après avoir connu déclin et chômage de masse, désertification et désindustrialisation.  Une renaissance inespérée, en partie grâce à l’agriculture urbaine. Portrait d'une ville qui renoue avec le local.

Une vitrine brisée du capitalisme américain

Le déclin de Détroit a commencé après la grande dépression de 1929. Alors que la principale ville du Michigan comptait dix-huit constructeurs automobiles avant cette date, il n’en reste plus que trois à la fin des années 30. Autrefois dénommée « the Motor City » pour ses performances industrielles, la ville entame alors une longue descente aux enfers, rongée par une crise économique, démographique et ethnique qui n’en finit plus. Alors que le chômage augmente, la population commence à baisser, passant de 1 850 000 habitants en 1950 à 706 585 en 2012. Des noirs pauvres du Sud débarquent par milliers et s’installent dans le centre-ville, tandis que les blancs fuient, créant une situation propice aux tensions ethniques. Le 23 juillet 1967, de violentes émeutes éclatent dans les quartiers est. Elles sont à ce jour les plus sanglantes de l'histoire des États-Unis. En 1958, la fermeture de l'usine automobile Packard est un nouveau coup dur pour Détroit. Les commerces de proximité sont laissés à l’abandon, et ceux qui les géraient laissent derrière eux une ville fantôme  au taux de criminalité record. La crise de 2008, à l’origine de la banqueroute de Chrysler et General Motors, achève  de vider les usines, emportant le glorieux passé d’une ville qui en conserve encore les traces. Le 18 juillet 2013, Détroit  n’est plus que l’ombre d’elle-même et déclare faillite.

Source: Why not

Source: Why not

Une ville à reconstruire

78 000 bâtiments à l'abandon, des maisons soldées à moins de 8000 dollars, un taux de chômage officiel de 18,6%. Le bilan d’une longue décrépitude. De l’autoroute, qui sépare le centre-ville noir à 85% de sa banlieue blanche à 80%, on peut appercevoir la gare centrale abandonnée, des écoles et des hôpitaux fermés. Un service public exengue, qui, dans l’ex-royaume de la voiture, n’épargne pas les transports. Rares sont en effet les bus qui existent encore pour relier le centre à sa banlieue. L’avantage d’une situation aussi catastrophique, c’est que tout devient possible car tout est à refaire. Un défi pour la jeunesse blanche cossue de banlieue, de plus en plus nombreuse à réinvestir le centre historique. « De plus en plus de jeunes gens quittent les banlieues et regagnent le centre-ville pour s’y installer. Ils y achètent une maison à bas prix, s’équipent d’un vélo et réinvestissent progressivement Détroit », s’enthousiasme Grace Lee Bogs, une habitante, interrogée par Bastamag en 2013. Une révolution silencieuse, complétée par une agriculture urbaine en plein développement. Car à Détroit, ce n’est pas l’espace qui manque. 230 KM² seraient inoccupés sur une surface totale de 350 KM². En 1992, face à l’échec des politiques publiques, le mouvement Détroit Summer se crée afin de  régler les problèmes de transport en développant le vélo, et aussi pour permettre aux gens d’accéder à une nourriture de qualité en reconstruisant la ville par le sol. Détroit Summer prône le retour au local pour pallier aux carence de la Globalisation.

Source: WordPress.com / DocpixSource: WordPress.com / Docpix

Source: WordPress.com / Docpix

Une ville qui tire les leçons du passé

Nombreux sont ceux qui à Détroit, pensent que ce fut une erreur de lier leur survie à l’automobile. Aujourd’hui, ils ont tout perdu, sauf l’envie de s’en sortir. Plus de 1 300 jardins sont gérés par le programme Detroit Garden Ressource. Permettant de recréer du lien social et une économie de quartier, l’agriculture urbaine est en vogue. Une décroissance forcée au départ, mais qui semble porter ses fruits. Dans cette friche industrielle gigantesque, la solidarité et l’entraide semblent primer sur la relation marchande. De quoi donner de l’espoir. Détroit compterait aujourd’hui près de 1600 fermes, et d’aucuns pensent que ce chiffre ne peut qu’augmenter. La ville a par exemple lancé récemment en lien avec une association locale, la conversion d’un quartier abandonné en territoire cultivable, bio et gratuit.

Au pays de la malbouffe et du capitalisme, il se pourrait bien que Détroit  montre la voie à suivre.

 

MMDB

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