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Impertinence

Hommage frivole à Michel Onfray.

24 Août 2016 , Rédigé par Administrateur

Photo: Michel Onfray (source: dhnet.be)

Photo: Michel Onfray (source: dhnet.be)

Ce siècle aurait du faire de vous quelqu'un d'autre : un intellectuel médiatique rangé ou bien un universitaire dépressif. Le hasard est un romancier qui vous fera philosophe.

Quand le débat en est réduit à la rivalité archaïque du «c'était mieux avant» face au «çà sera mieux après» on se rend mieux compte de l'honnêteté de votre combat d'athée : la religion n'est pas plus l'Opium du peuple que l'Histoire ou l'Idéologie. Une religion sans paradis n'a pas plus d'avenir qu'une idéologie sans Élysée. Nous résigner au réel au nom d'un hypothétique futur n'est au final profitable qu'au pouvoir des banquiers ou des gardes de camps. Dictature du prolétariat ou équilibre de l'offre et de la demande. Fort heureusement Staline en alibi les philosophes préfèrent aujourd'hui chercher leur salut dans l'économie que dans l'économie du salut… Voilà l'odieuse tache aujourd'hui réservée des clergés en tout genre qu'ils soient religieux où philosophiques : le choix d'un moindre mal.

Seulement, qui donc combattra la domination des intellectuels si tout le monde est d'emblée persuadé que leur pensée saura résoudre en son heure les problèmes de notre temps ?

Voilà tout l'intérêt de votre combat anarchiste : se résigner à la parenté de Descartes pour mieux exclure ce qui est de l'ordre de la croyance : Dieu, la dictature du prolétariat, la main invisible du marché, l'inconscient freudien. Toutes ces solutions idéalistes qui permettent pourtant aux philosophes universitaires, chiens de garde d'un système devenu le leur de complexifier le réel afin de ne pas répondre à nos interrogations légitimes. La philosophie n'est pas le combat de la vérité contre le mensonge mais bien d'avantage celui du courage contre la faiblesse. Elle appelle la vertu bien avant les valeurs. Il est pourtant si facile et profitable à un homme de gauche de préférer avoir tord avec Lénine et Robespierre que raison avec Aron et De gaulle…

Là est le tragique de votre combat, car si un philosophe peut parfaitement au prix de quelque souffrance existentielle être Nietzchéen une société ne le peut. Collectivement nous sommes condamnés à croire car nous ne détruisons que ce que nous remplaçons. Nous avons d'ailleurs longtemps cru que notre salut viendrait par Dieu. Puis avec Voltaire un monde s'est éteint. Avec Rousseau un autre à jailli. Nous avons abandonné Dieu au profit d'une nouvelle croyance : la politique et la loi. Seulement Le siècle de Sarajavo et ses deux guerres mondiales auront eu raison de celle-ci et le temps regretté du grand récit historique n'aura eu lieux que de Chateaubriand à Malraux... Reste aujourd'hui l'économie et sa neutralité axiologique pour jouer le rôle du philosophe. Cette philosophie sans morale est pourtant loin de la sagesse que vous nous enseignez : n'avoir peur ni de Dieu ni des hommes, rechercher le bonheur des petits plaisirs car il est conforme à la nature, ne pas mettre entre soi et le monde les livres qui disent le monde. Une sagesse sans morale accessible à chacun ne voulant pas renoncer à la nature philosophe de l'Enfant qui cherche à comprendre le pourquoi du comment.

Votre combat est donc perdu et vous le savez mieux que moi. Vous n'êtes pourtant pas Don Quichotte qui préfère s’abandonner à son idéal pour ne pas vivre le réel, ni Alceste qui de peur de s'abaisser et trahir son âme finira par vouloir un grand mal à la nature humaine. Non. Vous êtes Cyrano. Celui qui voit le réel, qui connaît la nature des hommes, mais, qui poursuit son combat éternellement tragique tout simplement parce qu'il en incombe à sa tâche. Dans la pièce à laquelle vous vous livrez, c'est le système médiatique qui joue le rôle de Philinte à vous rappeler que le monde par vos soins ne changera pas et qu'un si grand courroux contre les mœurs du temps vous tourne en ridicule contre bien des gens. Vous n'en n'avez que faire. Vous êtes bien plus l'homme du devoir que l'homme du droit. Bien plus XIXème que XXIème.

Raillé par l'université, bafoué par les journalistes, vous voilà voué comme Rousseau en son heure à rédiger en perpétuité vos confessions : Confidences d'un philosophe solitaire... À quoi bon écrire votre histoire puisqu'elle sera réécrite par les enfants de ceux qui l'écrivent déjà ? La gauche sociale pacifiste et républicaine a toujours été la grande perdante des grands mythes politiques. Il en faut d'ailleurs bien un pour écrire la plus belle des littératures. Il a bien fallu que des Jean Valjean anonymes meurent au XIXème pour qu'une fois écrite leurs histoires deviennent des mythes au service de leur descendance européenne ou américaine, de De Gaulle à Bolivar, De Hugo à Chavez, la boucle est bouclée car j'oubliais, aujourd'hui les enfants ne lisent plus.

Ainsi soit-il.

C.G

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C
loin de là, mais j'ai un très grand respect pour cet homme qui vient de mourir et qui, du temps de Mitterrand a été amplement méprisé par lui. Je
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