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Impertinence

Nouveaux noms des régions : du régionalisme aux néo-féodalités

16 Mars 2016 , Rédigé par Administrateur Publié dans #Politique

Nouveaux noms des régions : du régionalisme aux néo-féodalités

Hauts-de-France, Aura, Nouvelle-Austrasie, Occitanie... Les noms des 13 nouvelles grandes régions issues du scrutin de décembre dernier n'en finissent plus de susciter les polémiques et les railleries sur la toile. Mais ces nouvelles dénominations sont très révélatrices de la länderisation de la France, pour la plus grande satisfaction de Bruxelles.

Cela aurait dû être une simple formalité. Mais cela a très vite tourné à la pantalonnade, au grand-guignolesque. Depuis lundi les Ch'tis, les Flamands, les Picards ne sont plus que des "Hautistes", par la grâce de leur Président de région Xavier Bertrand (LR). Et si on croit la suite, les Auvergnats et les Alpins pourraient bien devenir des... Auriens !

Il n'y a que les Normands qui s'en tirent bien dans cette histoire apparemment loufoque : séparés en deux entités depuis 1956, voilà enfin réunis l'antique duché de Guillaume le Bâtard, et les deux léopards sur le même blason. Hervé Morin (UDI) n'a plus qu'a revendiquer le trône de Sa Gracieuse Majesté pour se croire revenu au Xe siècle.

Car qu'a fait la loi NOTRe sinon rétablir les anciennes principautés féodales ?

Alain Rousset (PS) peut se rêver en Aliénor d'Aquitaine, Marie-Guite Dufay (PS) en Charles le Témeraire, ou Carole Delga (PS) en Raymond VI de Saint-Gilles...

L’œuvre unificatrice des Mérovingiens, des Pippinides, des Carolingiens, des Capétiens, et de la République réduite à néant en un texte de loi. Les luttes contres les grands féodaux durant une bonne partie du Moyen-Age, les expéditions de Simon de Montfort et de Louis VIII le Lion contre les Albigeois, les guerres de du Guesclin, les luttes de Louis XI, les Guerres de Religions achevées par Henri IV estimant que l'unité de la France valait bien une messe, les dragonnades féroces du Grand Roi contre Camisards et Bonnets Rouges, l'abolition des privilèges et la création des départements, l'écrasement de la Vendée militaire par Tureau et le siège de Toulon fédéraliste par le lieutenant Bonaparte, l'exécution des Girondins, la politique francophone très dure de la IIIe République envers les patois régionaux, de Gaulle rappelant à maintes reprises l'unité et l'indivisibilité de la République française jusqu'à l'inscrire dans le marbre de notre Constitution, et même la mort du préfet Erignac, assassiné parce que garant de cette unité en Corse ; toute cette Histoire, toute notre Histoire, niée, biffée d'un trait de plume dédaigneux par quelques parlementaires qui ne l'aiment pas.

Ces grandes régions, ces länders, voulus par Bruxelles pour accélérer la mort de l’État-nation, ressuscitent les féodalités, les clientélismes, au profit de grands barons locaux et pour la plus grandes joies de multinationales qui pourront s'y installer sans que l’État, cet empêcheur de magouiller en rond, puisse intervenir. Pour le souci de proximité avec le citoyen, qui est le propre de la commune et du département, à taille plus humaine, on repassera ; un habitant de Troyes devra faire 400 kilomètres pour se rendre dans la nouvelle capitale de la région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes.

Il n'est jusqu'au nom de ces régions qui ne soient pas révélateurs : la région Grand Est-ALCA pourrait s’appeler... Nouvelle-Austrasie ! Manifestement nos nouveaux roitelets locaux ignorent que l’Austrasie fut engagée sous les Mérovingiens dans un terrible faide, c'est à dire une guerre civile avec leurs voisins et rivaux de Neustrie, et que ce nom reste associé, pour ceux qui connaissent et aiment notre Histoire, avec la partition du peuple franc et les terribles guerres fratricides qui en découlèrent. Seul un État centralisé et puissant mis fin à ce désordre, et à chaque fois dans notre Histoire qu'il s'affaiblit, survinrent alors désordres, oppression du faible par le fort, guerres de tous contre chacun.

Quand à l'Union Européenne, elle se frotte les mains ; tous les arguments sont bons pour affaiblir les nations, ces entités ringardes associées à des identités et des régulations nuisibles au Marché. Et pour cela elle jouera tantôt la carte indépendantiste (Écosse, Catalogne, bientôt Pays Basque, Bretagne, Corse ?), tantôt la carte régionaliste. Mais quel que soit le moyen employé, l'objectif reste le même : le fédéralisme, les États-Unis d'Europe, préambule à l'avènement d'un grand marché mondial dans lequel devront se diluer Etats, nations, identités, souveraineté des peuples.

Nouvelle Organisation des Territoires de la République disaient-ils ?

Nouvelle Organisation des Territoires du Profit eut été plus juste.

 

 

EG

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