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Impertinence

L'Europe de la paix : une mascarade intellectuelle et historique

9 Mars 2016 , Rédigé par Contributeur Publié dans #Politique

L'Europe de la paix : une mascarade intellectuelle et historique

L'idéologie néolibérale européiste n'est pas aisément démontable tant sa cohérence conceptuelle est solide. Seulement, lorsque l'architecture de celle ci repose le plus souvent sur des postulats fallacieux, le scepticisme est admis.

Présentée de la sorte par les manuels d'Histoire, consacrée il y a peu par l'institution Nobel, l'Union Européenne parait indissociable du concept de «paix» qu'elle met en avant à longueur de temps. Remettre en doute cette hypothèse c'est prendre le risque de se voir caricaturé, présenté comme un nostalgique du nationalisme exacerbé des années 30 : un xénophobe ingrat croyant les peuples incapables de se réconcilier avec leur passé. On apparaît tous pour des germanophobes devant certains germanophiles.

Une méconnaissance anthropologique de ce qu'est véritablement l'économie et le commerce

Après un conflit d'une telle ampleur l'idée était simple pour les pères de l’Europe : rapprocher les peuples par le commerce pour les unir. Héritée des Lumières (notamment Kant et Montesquieu) l'idée libérale du «doux commerce est très simple : l'effet spontané du commerce est d'apporter la paix là où il est pratiqué. Deux nations qui commercent ensemble deviennent interdépendantes car si la première a intérêt à acheter alors la seconde a intérêt à vendre.

Vous connaissez maintenant l'environnement intellectuel de la création de la CEE.

L'optimisme des libéraux conduit toujours à leur naïveté. L'échange marchand d'un point de vu anthropologique se révèle être d'avantage l'ordre cannibale du monde qu'un moyen de promotion pacifique. Avec un peu d'objectivité et de recul historique le commerce n'est-il pas plus souvent un état de «guerre du tous contre tous» institutionnalisé et intériorisé par l'OMC ?

Pourquoi soutenir cela ?

Dans des économies modernes, le seul taux de natalité n'est pas suffisant pour provoquer à lui seul la croissance. Pour entraîner cette dernière il faut donc chercher à tout prix à étendre constamment le marché en exportant la production nationale à condition que celle ci soit suffisamment compétitive.

On oublie à tord que l'économie est une science sociale, et qu'ainsi rien n'est objectif. De la même manière qu'une eau est perçue comme froide uniquement parce qu'il en existe des plus chaudes, un pays voit son économie apparaître comme compétitive uniquement de manière subjective. Une économie n'est alors compétitive que par comparaison avec ses voisines. Le libre échange communautaire est donc un rapport de force perpétuel car une économie nationale ne doit pas s'assurer d'être compétitive en soi, mais que les économies voisines avec qui elle échange le soient moins qu'elle. Le commerce mondialisé à long terme ne peut être qu'une source de conflit. Et imaginez lorsque les règles de cette compétition s'effectuent au sein d'un espace géographique avec une monnaie commune, non fluctuante...

L'arbitraire l'emporte.

L’Europe est donc en passe de devenir le contraire de ce qu'elle devait être. D'une idée d'association de nations libres et égales, le libre échange communautaire a transformé cela en un système hiérarchique avec en son sommet l'Allemagne et à son pied la Grèce provoquant tension et rupture dans tout l'espace européen.

Une malhonnêteté historique

A l'heure à laquelle j'écris ces pages, des milliers de lycéens lisent dans leur manuel d'histoire les mêmes mensonges. Depuis 70 ans et en grande partie grâce à l’initiative européenne, le continent européen aurait su privilégier une paix espérée de longue date... Une paix relative bien sur puisque l'on ne mentionne jamais sa portée géographique, ni ses racines majoritairement extérieures à l'Union Européenne.

Dans un premier temps il convient de rappeler qu'attribuer le résultat d'une paix à une institution est impossible tant celle ci obéit à des causes nombreuses et souvent exogènes au pouvoir politique.

Tout d'abord brièvement je mentionne sommairement que l'initiative de la réconciliation franco allemande est extérieure à l'aventure européenne. Ce rapprochement est parvenu de manière bilatérale sous l'impulsion du couple franco allemand De Gaulle/Adenauer qui signèrent en 1963 le traité de l’Élysée.

Ce sont donc des considérations nationales et stratégiques qui ont su à elle seule dicter le chemin de la «paix» en orientant malgré elle la construction européenne.

En outre, nous avons aujourd'hui le recul nécessaire pour constater l'influence de la guerre froide sur la stabilité connue par le continent européen de 1945 à 1990. En effet l'équilibre de la terreur et le manichéisme qui lui est associé rendait la politique extérieure des nations beaucoup plus rationnelle et mesurée. Le spectre d'un nouveau cataclysme à l'échelle mondiale guettait et rendait la politique des démocraties libérales ou populaires soumise à leur bloc respectif : occidental ou soviétique. Pour preuve, il n'a fallut attendre qu'un an après la chute du mur de Berlin pour observer à nouveau les nations européennes se déchirer. Avec la guerre des Balkans, l’Europe s’apercevait enfin de la faiblesse de sa politique extérieure. Le couple franco-allemand est même le révélateur de cette dissension. Quand l'Allemagne a encouragé la Slovénie à se désolidariser de la confédération yougoslave, la France en réponse soutenait les serbes dans leur contre-offensive...

CG

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